Commentaire de la première lecture du 10e dimanche, 9 juin 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 10e dimanche, 9 juin 2024, année B

Gn 3,9-15

Commentaire de la 1ère lecture du 10e dimanche du temps ordinaire

9 juin 2024, année B

Gn 3,9-15

 

Les onze premiers chapitres de la Genèse proposent des récits de genre littéraire mythique ; ils sont l’expression de sages qui réfléchissent aux grandes questions de l’humanité. Après les récits de la création, les chapitres suivants abordent la question du mal et du péché auxquels l’humanité est confrontée dans toutes les dimensions de son existence. Le chapitre 3, avec le péché d’Adam et Eve, montre comment l’être humain, dans sa relation personnelle la plus profonde, c'est-à-dire au sein du couple, est touché par le péché.

 

Lecture du texte

Ce texte suit le récit de la transgression (v 1-7) : Adam et Eve ont mangé du fruit défendu ; au moment où le mal triomphe, Dieu  se rend présent et cherche Adam : « Où es-tu donc ? ». Alors un dialogue  s’instaure avec Adam et Eve. En présence de Dieu dont ils entendent la voix dans le jardin, ils prennent conscience de leur péché et de ses conséquences (v.9-13).

La relation de confiance avec Dieu a été rompue : alors que Dieu se montre, Adam se cache : « Jai pris peur parce que je suis nu et je me suis caché » (v.10). La nudité, dans la Bible, signifie la situation d’un être démuni, impuissant ; devant Dieu l’homme prend conscience de sa faiblesse, de son péché. Il en a honte. Il reporte alors la faute sur Eve : « la femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre » (v. 12) ; sa relation avec la femme est pervertie : celle qui avait été donnée comme une aide semblable à lui (Gn 2, 18) devient une ennemie ; là où il y avait solidarité, il y a maintenant défiance et solitude. Enfin Eve, à son tour, fuit sa responsabilité et accuse le serpent : « le serpent m’a trompée, et j’ai mangé ». La relation à l’univers créé est, elle aussi, en disharmonie.

Pour l’auteur de la Genèse, le projet du Dieu créateur est bon : « Dieu vit que cela était bon » peut-on entendre comme un refrain dans Gn 1 ; c’est à cause de la rupture d’alliance avec lui, du péché, que le monde dans lequel nous vivons est vicié et ne correspond pas à son dessein d’harmonie et de bonheur.

 

Devant cette situation, quelle est l’attitude de Dieu ?

Nous avons vu d’abord que le Créateur n’abandonne pas sa créature mais la cherche et dialogue avec elle. Avant de révéler les conséquences pour Adam et Eve du péché, il commence par maudire le serpent, figure du mal, et lui seul (v 14) ; puis il annonce une hostilité, un combat entre la descendance de la femme et ce serpent ; et une certaine victoire de cette descendance, puisque « celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. » (v15)

 

La réflexion des sages d’Israël sur la condition humaine n’est pas sans espoir. Elle affirme que le mal ne vient pas de Dieu. Et même si le récit fait intervenir Dieu comme un juge dans un procès, il laisse entendre que si Dieu révèle à l’homme la gravité de son péché, ce n’est pas pour le condamner. Dieu se tient aux côtés des êtres humains dans le combat qu’ils ont à mener au cœur de leur liberté. Ils sont invités  à faire confiance au Créateur qui fait alliance avec eux et veut pour eux la vie ; ils sont appelés à faire sa volonté, à revenir vers lui et à accueillir son don et son pardon.

 

Peut-on dire que les sages d’Israël voient l’histoire comme une histoire de salut ?

Le texte de ce jour qui se termine par une promesse, annonce la victoire contre le mal. Aussi cette parole divine est-elle couramment appelée le « Protévangile », la première bonne nouvelle du salut.

 

Mais quelle est cette descendance qui aura la victoire ?

Au fil des traductions, plusieurs interprétations sont possibles : le peuple issu d’Eve dans le texte hébreu ; un descendant d’Eve, dans la traduction grecque de la Septante ; ou encore une figure féminine, Marie nouvelle Eve, dans la traduction latine de la Vulgate.

La tradition chrétienne a reçu ce texte comme l’annonce du Messie, Jésus que le Nouveau Testament présente comme vainqueur du mal. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus lui-même  annonce cette victoire contre Satan par une petite parabole, celle de l’homme fort (Satan) ligoté par l’homme plus fort (Jésus) qui vient piller sa maison (Mc 3,27). Et st Jean en évoquant la mort et la résurrection du Christ dit : « maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors ». (Jn 12,31)

Certes l’humanité, jusqu’à la fin des temps, doit affronter le combat et choisir son camp, celui du Christ. Mais ce texte affirme qu’au commencement comme à la fin, la création est et sera un espace de salut, comme un jardin où il fait bon vivre.

Le psaume 129 est une prière d’appel au secours qui rejoint la misère de l’existence humaine. Mais il est aussi plein de confiance : celui qui se tourne vers le Seigneur et l’espère trouvera un Dieu qui aime et pardonne : « Près de toi se trouve le pardon »« Oui, près du Seigneur est l’amour ; près de lui abonde le rachat. »

 

Lecture du Psaume 129

 

M-E Courmont