Commentaire de la première lecture du 11e dimanche, 16 juin 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 11e dimanche, 16 juin 2024, année B

Ez 17,22-24 : « Je relève l’arbre renversé. »

Commentaire de la première lecture du 11e dimanche

16 juin 2024, année B

Ez 17,22-24 : « Je relève l’arbre renversé. »

 

Contemporain de la chute de Jérusalem et de toutes ses institutions en 587 avant notre ère, le prêtre et prophète Ezéchiel a poursuivi et terminé sa prédication chez les juifs exilés, en Mésopotamie. Ses paroles interprètent les moments de crise dans le destin d’Israël. Le chapitre 17 développe l’histoire allégorique des rois contemporains du Moyen Orient antique, dans un récit entièrement codé : Ezéchiel était un poète et il écrit ici une sorte de fable concernant l’avenir.

 

Quelles sont les clefs d’interprétation ?

Un arbre représente un roi ou un royaume. Une jeune tige figure un descendant ou un peuple. Sa plantation désigne le début de son règne ou de son existence.

La « haute montagne d’Israël », c’est Jérusalem, qui culmine à un peu plus de sept cents mètres. L’amplification poétique est à la mesure de l’amour des Juifs pour leur ville sainte, surtout après sa destruction et leur exil.

L’oracle affirme que la nouvelle tige, peuple ou roi, connaîtra un avenir brillant ; elle se transformera en un grand cèdre. Remarquons que les cèdres poussaient au Liban et non à Jérusalem, mais dans la Bible, il s’agit d’une essence prestigieuse, idéale : David s’était fait construire une « maison de cèdre » (2 S 7,2) et Salomon fit transporter à grand frais des cèdres du Liban pour la construction du Temple et des palais royaux. (1 R 6-7).

 

Que représentent les oiseaux à l’abri du cèdre ?

La tige devenue grand cèdre abritera et protègera « tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux ». Plus loin au chapitre 31 du livre d’Ezéchiel, on retrouve à peu près la même allégorie dans un oracle concernant l’Egypte : elle a été puissante comme l’arbre le plus élevé qui soit et « Tous les oiseaux du ciel nichaient dans ses rameaux, toutes les bêtes sauvages (…) et toute la multitude des peuples habitaient à son ombre » (Ez 31,6) Les oiseaux du ciel qui nichent dans les branches figurent donc dans notre texte la multitude des peuples païens à qui Jérusalem offrira refuge à la fin des temps. Ce sera une Jérusalem très attractive !

Quant à l’ancienne puissance de l’Egypte, elle s’écroulera, selon la suite (Ez 32,11-15), allusion à son invasion et à sa défaite par Nabucodonosor en 568 avant J.-C. Car seul un peuple ou un royaume installé par le Seigneur Dieu peut tenir face aux grands empires. Les orgueilleux comme l’Egypte, qui s’élèvent eux-mêmes, finissent par disparaître. Ici figure le thème des orgueilleux abaissés et des humbles élevés : « Je suis le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé… » On le retrouvera dans le cantique de Marie : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. » (Lc 1,52). Chez Ezéchiel, Dieu dit qu’il plantera lui-même la jeune tige, annonçant ainsi la solidité de la future Jérusalem.

Un autre renversement de situation est suggéré par Ezéchiel utilisant encore la métaphore de l’arbre : « Je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. » La maison d’Israël, anéantie par les Assyriens et les Babyloniens dans le nord en 722 puis le sud en 587, revivra. Ezéchiel développe la même annonce au chapitre 37, dans la parabole de la renaissance des ossements desséchés. D’ailleurs, la fin de ce chapitre 37 ressemble fort à la fin de notre passage : « Je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez ; je vous établirai sur votre sol ; alors vous connaîtrez que c’est moi le Seigneur qui parle et accomplis – oracle du Seigneur. » (Ez 37,14)

Lisons maintenant le psaume 91, où l’amour du Seigneur pour l’homme juste s’exprime aussi dans des comparaisons avec la pousse des arbres et la vigueur de la végétation.

Jacqueline Avrin