Commentaire de la première lecture, Fête Dieu, 2 juin 2024, année B — Diocèse de Bourges

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Eglise Catholique en Berry Diocèse de BourgesDiocèse de Bourges
menu
Navigation

Commentaire de la première lecture, Fête Dieu, 2 juin 2024, année B

Ex 24, 3-8

Fête dieu

2 juin 2024

Ex 24, 3-8

 

Cette fête a été instituée au 13e siècle, à une époque où les fidèles communiaient très rarement. au moins une fois l'an selon la règle fixée par le 4e concile de Latran (1215). La Fête-Dieu a pour but de vénérer la présence sacramentelle du Christ sous les espèces du pain consacré. Placées sous le patronage de S. Thomas d'Aquin, les oraisons de la fête mettent en valeur les trois dimensions de l'eucharistie : mémorial, pas seulement de la passion et de la résurrection du Christ, mais aussi de l'histoire du salut qui les précède. Fait en mémoire du Christ, le rite a pour but d'assurer l'unité et la paix dans l'Eglise (secrète.) Il est enfin le gage de la vie éternelle (post-communion). Ainsi l’eucharistie concerne-t-elle le passé, le présent et l’avenir.

Telle est la perspective selon laquelle nous sommes invités à lire le récit concernant la conclusion de l'alliance du Sinaï.

 

Lecture du texte

 

Peut-on situer le texte ?

Dans le récit de la sortie d'Egypte, ce texte marque l'aboutissement d'un long itinéraire. Moïse avait demandé au Pharaon d'offrir un sacrifice à Dieu dans le désert (Ex 10,24-26) Seul le fléau de la mort des premiers-nés décida Pharaon à laisser les Israélites partir. Après bien des péripéties, ils arrivent enfin au pied de la montagne où Dieu se révélera dans un violent orage (Ex 19, 1-3). Au préalable Moïse présente l'offre de Dieu au peuple : « Si vous gardez mon alliance, je ferai de vous un royaume de prêtres et une nation sainte. » L'approbation unanime est suivie d'une théophanie. Moïse seul est habilité à entendre la clause essentielle de l'Alliance, à savoir les 10 Paroles gravées sur des tables de pierre. C'est dire le caractère fondamental de cette charte de l'Alliance, avec une double orientation : adoration du seul Dieu le libérateur, et respect des droits du prochain. Suit alors ce qu'on peut considérer comme un décret d'application pour un peuple sédentarisé, le Code de l'Alliance qui, lui-même connaîtra de larges développements.

 

Le rite de l'Alliance

Comme l'attestent les textes des Hittites en Asie Mineure et des Assyriens, la relation entre rois, par exemple après une guerre, s'exprimait sous forme de rites placés sous la sauvegarde des dieux de chacun des partenaires. Au cours d'un sacrifice chacun passait à travers le corps des victimes en prononçant une imprécation : « Si je suis infidèle, qu'il m'arrive comme à cet animal ». Après un repas en commun, le texte d'accord était déposé dans le sanctuaire royal des partenaires.

Le récit de l'Exode s'inspire de ce rite, avec une différence capitale. Les rois s'engageaient sans consulter leurs sujets. Ici tout le peuple est invité à écouter la proposition de Dieu et à s'engager à vivre selon ses directives. Selon la tradition juive, à ce moment même, les anges tressaient des couronnes pour chacun des fils d'Israël.

L'abattage des victimes est confié aux jeunes gens d'Israël puisque la consécration d'Aaron et de ses fils n'avait pas encore eu lieu. Le texte distingue deux classes de sacrifices, les holocaustes où la victime est totalement consumée par le feu, et les sacrifices de communion, où une partie des animaux passait par le feu, tandis que la plus grande part était partagée entre l'officiant et la famille qui faisait l'offrande. Pris dans le sanctuaire, en présence de Dieu, le repas revêtait ainsi une valeur sacrée.

 

Comment se réalise le sacrifice ?

Le rite essentiel est accompli par Moïse, médiateur entre Dieu et le peuple. Il procède à l'aspersion du sang, et sur l'autel et sur le peuple. Sous cette forme, le rite est unique en son genre et n'apparaît pas dans la loi des sacrifices prévus par le Lévitique. Le sang étant signe et porteur de vie, deux interprétations sont possibles : partage de vie entre Dieu et son peuple, considéré comme son fils aîné (Ex 4,22). Ou bien il s'agit d'un rite de consécration, selon le rituel prévu pour Aaron et ses fils (Ex 29, 20) Tout le peuple est alors consacré comme royaume de prêtres (Ex 19,5).

Le texte se poursuit par un repas d'alliance auquel participent Moïse et les 70 anciens d'Israël. Il conviendrait de lire cette finale importante pour l'application à l'eucharistie.

 

Quel éclairage pour l'eucharistie ?

La longue section du livre de l'Exode met en valeur le rôle de médiateur tenu par Moïse. Lui seul est admis à gravir la montagne sacrée où il entend le message de Dieu à transmettre au peuple. C'est lui qui reçoit les tables de pierre et préside le rite de conclusion suivi d'un repas de communion.

On trouve ainsi la structure de base de l'eucharistie. Moïse est la figure du Christ, l'unique grand-prêtre comme le proclame l'épître aux Hébreux (2de lecture). Le décalogue débute par le mémorial de la libération : « Je suis YHWH ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte. » (Ex 20,1). Le peuple donne son acquiescement. Le rite du sang préfigure la parole prononcée par Jésus sur la coupe de vin. Enfin tout se termine par un repas, le repas du Seigneur, dira Paul. Ces ressemblances ne peuvent cacher les différences soulignées par l'épître aux Hébreux : Jésus n'offre pas un sang étranger mais s'offre lui-même pour la rémission des péchés de la multitude. De plus l'ordre de réitération donné à la Cène, est le fondement de nos célébrations.

 

Psaume 115

Ce psaume est la finale d'un cantique d'action de grâces après un péril mortel. (Ps 114,8). Reconnaissant, le psalmiste invite son entourage à s'unir à son sacrifice, qui comporte une libation de vin. Tout naturellement, cette coupe du salut évoque pour nous la coupe eucharistique.

E. Cothenet